Aux rangs des œuvres cinématographiques qu’a accueilli Saint Tropez, et qui ont profondément marqué l’inspiration d’Erevan, se trouve tout en haut “La Collectionneuse”. Imaginé par Rohmer, ce Conte Moral dévoile une étude des relations hommes-femmes, du désir et de la manipulation, mise en image au cour d’un film de vacances.
1967, LA QUÊTE DU RIEN SOUS LE SOLEIL TROPÉZIEN


C’est avant tout l’histoire d’un homme, Adrien, galeriste parisien en exil sur la côte en quête du « rien », d’une déconnexion totale et d’un recul sur sa relation actuelle. La femme qu’il aime, dévoilée au prologue, ne le suivra pas pendant ses vacances Tropezienne. Le personnage de cette sorte de Dandy, auto-satisfait et solitaire, croyant fermement en sa morale, est interprété par Patrick Bauchau. Son point de chute estival, la maison de campagne d’un ami, qui n’est autre que le Mas de Chastelas. Il y retrouve un vieil ami, Daniel, interprété par l’artiste Daniel Pomereuille.
Haydée, interprétée par Haydée Politoff, est celle qui donnera au film son titre. C’est du moins le jugement que portera Daniel sur elle. Au fil de l’été et du récit, elle « collectionne » rencontres et amants, et ne tient comme unique boussole morale les caprices de ses désirs. Face à celle qui les rejoint dans leur havre de paix estival, les deux amis entrent dans une inconsciente rivalité, qui déterminera celui qui parvient à la séduire. Inconsciente, car tout deux étant désarçonnés par la force tentatrice d’Haydée, chose qu’ils ne peuvent s’admettre réciproquement, au risque de trahir la morale sentimentale qu’ils clament haut et fort.
Insaisissable, elle personnifie le vent de liberté qui souffle alors en France.



La Collectionneuse peut parfois prendre des airs de documentaire. Car Rohmer ne manque pas de s’appuyer sur le charme bucolique de Saint Tropez, ses criques et plaines. C’est précisément ce charme discret qui inspire Erevan tout au fil de ce film, tout autant que l’élégance que revêtent chacun des protagonistes.

