Passer au contenu

Panier

Votre panier est vide

Connexion

Mot de passe oublié ?
S'inscrire

LE ROUGE CARMIN

La tradition arménienne de la création textile fait partie des plus anciennes de notre monde. Depuis des siècles, ses teintures sont prisées pour leur couleurs éclatantes et leur durabilité. La force première du savoir-faire arménien dans ce secteur est une sélection de matières premières uniques, et le traitement qui leur est appliqué afin d’en extraire les pigments.

UN SAVOIR FAIRE ANCESTRAL ORIGINAIRE D'ARMÉNIE

La plus réputée d’entre elles est la cochenille arménienne, aussi appelée “Porphyrophora hamelii”, qui offre un rouge parmi les plus éclatants. Son extraction est extrêmement minutieuse ; ne pouvant être récoltée qu’à l’aube de l’automne, dans les zones semi-arides qui entourent le Lac Sevan ainsi que le Mont Ararat, en sélectionnant les femelles adultes au plus haut taux d’acide carminique. De là découle le nom qui fut attribué au rouge profond qui résulte du processus, “Karmin”.Afin de préserver cet acide donnant toute sa superbe à la couleur, les insectes étaient rapidement séchés au soleil, permettant également un broyage efficace, les cochenilles se contractant sur elles au fur et à mesure du séchage.

Avant de pouvoir en extraire la couleur, chaque insecte sera individuellement nettoyé, afin d’en ôter toute impureté. Reposant également sur une parfaite proportion entre les pigments extraits et leur liant, cette technique impose de peser les insectes avant de les broyer, et d’évaluer précisément la quantité d’acides qu’ils contiennent. Une fois toutes ces étapes réalisées, place au broiement ; placés le plus souvent dans un mortier en pierre, les insectes étaient délicatement pressés et écrasés afin de ne pas détériorer la qualité du pigment. Est alors obtenue une fine poudre rouge, concentré d’acide carminique.

Afin de préparer les diverses utilisations que pouvait prendre ce pigment, il devait alors être filtré et fixé. Après avoir mélangé la poudre à une solution liquide, le plus souvent du vinaigre, et chauffé le mélange obtenu, il était filtré pour en éliminer tous les résidus restants. A ce concentré finalement obtenu, d’un rouge éclatant, était ajouté du mordant comme l’alun, afin de le fixer et de garantir une couleur qui défiera le temps.

© Joseph Christian Hamel

Kachkars, Monastère de Geghard ©Vahag | Art mural, Monastère de Noravank ©Vaghinak Petrosyan

Ce savoir-faire antique a traversé les âges, s’est exporté dans le monde entier au travers des routes de la soie. Les teintures textiles qui en résultaient, de lainage, soie ou lin, étaient admirées pour leur éclat et leur robustesse face à la décoloration et au vieillissement. Si les avancées technologiques ont fragilisée cette technique, et que son application s’est faite rare, de nombreux projets sont entrepris afin de le faire perdurer dans le patrimoine culturel Arménien, et de le réhabiliter pour des utilisations contemporaines, comme en témoignent les projets récents du Musée d’Histoire de l’Arménie.