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L'INDIGO ARMÉNIEN

©"TRUE INDIGO (INDIGOFERA TINCTORIA)", ARTISTE INCONNU, S.D.

Les savoir-faire arméniens et les techniques liés à l’indigo remontent à l’Antiquité. Cependant, à cette époque, il n’existait sur ce sol que très peu de variétés de plantes capables de procurer la teinte bleu profond que peut revêtir l’indigo, notamment l’Isatis tinctoria. Il faudra attendre le Moyen Âge et le développement des routes de la soie, sur lesquelles l’Arménie occupe une position de carrefour. Dès lors, le pays bénéficiera d’un partage de connaissances et de techniques nouvelles venues le plus souvent d’Asie, ce qui lui permettra d’introduire sur son territoire de nouvelles variétés offrant un bleu plus profond, telles que l’Indigofera tinctoria.

L’extraction du pigment suivait un processus très rigoureux et précis. Afin de maximiser leur teneur en indican, principe actif responsable de la création du bleu, la récolte devait avoir lieu entre la fin de l’été et le début de l’automne, période où les plantes atteignent leur maturité. Après avoir été broyées, les feuilles étaient macérées dans de grandes cuves d’eau, entraînant un processus enzymatique libérant le composé chimique à l’origine de cette teinte bleue. Vingt-quatre heures plus tard, l’eau devenait jaune-vert, signe que l’indican avait entamé sa transformation en pigment : l’indoxyle était extrait, avant d’être transformé en indigotine, forme finale de la couleur. Pour cela, le mélange de feuilles et d’eau était battu pour l’exposer à l’oxygène, puis filtré. Les particules solides issues du processus constituaient les pigments bruts d’indigo, ensuite séchés au soleil puis broyés en poudre.

L’étape finale, avant de voir l’indigo teinter de magnifiques étoffes, est sa transformation en bain de teinture. Mélangé dans un bain alcalin à base de chaux et de cendres, la solution est transformée en état soluble. Les fibres, qu’elles soient en laine, coton ou lin, sont ensuite préparées pour leur teinte au travers d’un lavage et traitement du textile dans une base d’eau chaude savonneuse. Une fois prêtes, les fibres sont alors délicatement déposées dans le bain de teinture, qui doit répondre à des critères précis : température stable, entre 30 et 50 degrés Celsius, suffisamment concentré d’indigo pour dévoiler la couleur souhaitée. Après une immersion de quelques minutes, le tissu est extrait du bain pour en fixer et stabiliser la couleur. C’est l’exposition à l’air libre à l’abri de toute lumière directe, ainsi que le rinçage du textile, qui lui donneront sa couleur finale et un bleu profond.

©"BLUE AND GREY", MARK ROTHKO, 1962.

Utilisée pour la sublimation d’étoffes, vêtements, mais aussi des très fameux tapis d’Arménie, l’usage de la teinture d’indigo a traversé le temps pour se voir progressivement remplacé par des techniques industrielles et des molécules de synthèse. Elle aura cependant été un des piliers de la réputation du savoir-faire arménien à travers le monde, et une source de symbolisme pour le peuple d’Arménie, qui voyait dans cette couleur la symbolisation du divin et céleste.